La Résidence de France, une œuvre architecturale unique conçue pour la Vienne impériale et Jugendstil des années 1900 (21.6.2011) [de]

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Une légende aussi tenace qu’infondée, et dont l’origine demeure mystérieuse, attribue les plans de l’ambassade de France à Vienne à celle de Constantinople. Ou encore d’Athènes, selon une variante moins répandue. C’est pourtant bien pour la capitale de l’empire austro-hongrois que l’Assemblée nationale française autorise en avril 1901 l’acquisition d’un terrain et la construction de l’ambassade.

A Constantinople le « Palais de France », construit dans les années 1840, est le siège des représentants de la France jusqu’au transfert de la capitale vers Ankara en 1923. Le mythe des plans intervertis pourrait tirer sa source dans le fait que l’aménagement mobilier des ambassades de Vienne et de Constantinople est confié au même moment, en 1912, à l’administrateur du Mobilier national . Des meubles ont pu transiter par Vienne vers Constantinople.

A Vienne, les ambassadeurs de France ont jusqu’alors été abrités dans une succession de palais en location. Celui de Lobkowitz, de 1869 à 1909, est le dernier en date.

En mai 1901, la ville de Vienne cède à la France trois parcelles prises sur le domaine public. Sur sa plus grande largeur, le terrain en forme de trapèze donne sur la nouvelle place Schwarzenberg. De l’autre coté, il se termine en pointe sur la Karlsplatz où Otto Wagner a créé une de ses plus belles stations de métro Jungendstil.

C’est à Georges-Paul Chedanne, jeune architecte en vogue couronné par le grand prix de Rome, que le ministère des Affaires étrangères confie la construction de l’Ambassade. Après celui de Constantinople, édifié près de soixante ans plus tôt, c’est le tout premier bâtiment spécifiquement conçu pour abriter une représentation diplomatique de la France.

Les plans revus en 1903 par l’inspecteur général sont dictés par la forme trapézoïdale du terrain et l’ambition de recevoir dignement les représentants de l’empire austro-hongrois nous apprend le livre consacré à l’histoire architecturale de la résidence de France à Vienne. La formation classique de Georges-Paul Chedanne et son penchant pour un certain charme rococo impriment leur marque. Le Jugendstil viennois agit comme un autre puissant ferment d’inspiration.

L’architecte s’entoure des meilleurs artistes de l’époque : Gasq, Sicard, Lefebvre, Binet, Dubois, Vernon, Majorelle… Depuis l’exposition universelle de Paris en 1900, l’ébéniste et décorateur français Louis Majorelle, fervent disciple de l’Art Nouveau, jouit d’une réputation internationale. Il confie à ses ateliers de la célèbre Ecole de Nancy la réalisation de l’escalier avec son enroulement spectaculaire, ainsi que les balcons dorés à l’or fin, les boiseries intérieures et les appliques .

1. Archives du Mobilier national, Budget. 14 février 1912, projet de budget pour 1913
2. Chantal Gastinel-Coural, Ambassade de France, Place Schwarzenberg, Editions Internationales du Patrimoine, 2011
3. Ibid.

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Ambassade de France
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Dernière modification : 25/03/2013

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